Our Yukon Quest

Posted by Julien on August 25, 2010 at 5:09 pm.

Long blanc sur ce blog depuis le dernier post mais c’était pour mieux vous faire patienter pour ce qui suit…

On vous avait quitté la dernière fois sur la portion de Yellowhead Highway reliant Jasper à Prince Rupert, où kilomètre après kilomètre et ours après ours, nous sommes finalement arrivés à la jonction avec la Cassiar Highway (Highway 37), cette route solitaire du Sud au Nord de 750 km nous permettant de relier en quelques jours la mythique Alaska Highway, l’ultime voie vers le Grand Nord…

La route est paisible, offre des panoramas imprenables sur les montagnes et les glaciers environnant et l’explosion de fleurs sauvages sur le bas côté nous font presque croire que quelqu’un les a planté là, pour le plus grand bonheur des voyageurs comme nous.

Après quelques 150 kilomètres vers le Nord, nous tirons vers l’Ouest pour rejoindre Stewart BC, mais aussi son homologue américain en Alaska : Hyder ! Et oui nous y sommes, notre première touche avec cette terre d’aventure, dans l’extrémité Sud de la péninsule, au coeur d’une côte déchirée, parsemée d’îles aux sommets enneigés et arborant de fabuleux glaciers…

C’est précisément pour l’un d’entre eux que nous avons fait le déplacement, le Salmon Glacier, en Colombie Britannique, un monstre se divisant en deux langues de glace et n’étant accessible que par une ancienne route minière non bitumée au départ de Hyder… Et qui dit route non bitumée dit conduite à vitesse réduite car nous sommes en haute montagne, les abords ne sont pas protégés et vous plongent dans un ravin de plusieurs centaines de mètres où coule la Salmon River, les véhicules vous précédant soulevant aussi des nuages de poussière dignes d’un Paris-Dakar !

C’est tout de même 35 km sur cette route qui vous attendent avant de pouvoir atteindre le Salmon Glacier, où un point de vue absolument incroyable vous tend les bras… Les images se passent de commentaires tant le lieu est particulier et respire l’extrême.

En se penchant sur le décor, on apercevra un sentier au loin semblant descendre vers le glacier et son immense langue… Ni une ni deux, nous continuons jusqu’à l’intersection et laissons le camion sur le bord de la route avant de nous engager à pied sur la piste à moitié effondrée menant nous ne savons où, bref elle descend ! On passe devant un campement sauvage établi par un voyageur solitaire au sein d’un ancien site d’exploration minière, puis on continue de manière abrupte vers ce qui s’avère être les pieds du monstre, des icebergs hallucinants se décrochant du mur de glace dans une rivière aux couleurs froides, très froides… On se sent vraiment petits et humbles face à ce géant grondant de toutes parts et libérant des mètres cubes de glace dont la taille visible à l’oeil nu avoisine la dizaine de mètres !

En revenant sur nos pas, on prendra la route en sens inverse (c’est un cul de sac) pour s’arrêter à Fish Creek, une plateforme d’observation au dessus de la Salmon River où des ours en quête de nourriture viennent chasser le saumon. On verra les saumons, mais… Pas d’ours cette fois ci ! Sinon pour revenir sur les saumons ces derniers sont impressionnants (et particuliers à cette rivière), avec des tailles de 75cm à plus d’un mètre… De beaux poissons qui ne font pas saliver que les ours !

On restera deux nuits sur Stewart sans omettre de goûter le fameux Everclear au Glacier Inn, un alcool pur à 95% qui ferait pleurer un motard tatoué :D Nous avons repassé la frontière les yeux pétillants mais l’haleine fraiche !

Ce n’est qu’après avoir quitté Stewart que nous verrons un joli panneau portant la mention : Highway 37 North - Closed ! Un petit demi tour s’imposera pour vérifier si nous n’étions pas encore sous l’effet de l’Everclear mais non, la route est belle et bien fermée… Tant pis on continue avant d’en savoir plus vers le Nord et à la première station service, on apprend qu’un feu de forêt dure depuis 5 jours à 80 km de la frontière du Yukon, et qu’il n’y a malheureusement qu’une route :D L’alternative : Rebrousser chemin jusqu’à Prince Georges pour reprendre l’Alaska Highway de son début, soit un détour de 1500 km… Ahah :D

On est têtus et on a pas trop le choix donc on continue la route jusqu’à Dease Lake où on apprendra que des convois organisés sont escortés à travers le feu, qui s’étend sur une bonne cinquantaine de kilomètres. Le prochain convoi est prévu le lendemain à 9h (un par jour selon l’état du feu), donc on se lèvera à 5h du matin pour prendre la route vers le barrage routier et être présents à temps. Arrivés à 8h50, on se dit ‘ouf, on a trop géré le temps’, ce n’est qu’après une discussion avec le service de sécurité qu’on apprend que l’heure est approximative, et que le convoi ne partira pas avant le feu vert (ahah) des pompiers… 5h plus tard, nous voici toujours dans le van au milieu d’une foule de touristes comme nous patientant calmement, soumis à cette fatalité naturelle quasi-indomptable…

Le convoi démarre finalement à 14h, et passe à travers la forêt fumante dans laquelle les bas côtés de la route brûlent encore, et où nous nous obligeons à porter un tissu devant le nez et la bouche pour ne pas s’asphyxier. Pour ajouter du piment à ce passage on se trouve juste derrière un camion citerne de propane portant la mention ‘Highly Flamable’, Ahah again.

On sortira du feu sains et saufs pour rejoindre l’Alaska Highway en faisant un petit retour arrière vers Watson Lake, où se trouve l’originale et mythique Signpost Forest, une forêt de panneaux de signalisation de toutes sorte arrachés à leur ville natale où tout simplement laissés en souvenir par des touristes de passage… A part ça pas grand chose à contempler dans la ville, et c’est la raison pour laquelle nous mettrons les voiles vers Whitehorse, dès la nuit suivante.

Whitehorse, c’est un peu notre camp de base pour explorer le Yukon et l’Alaska, une ville de 25000 habitants sympathique où est concentrée 80% de la population humaine de la province, une ville non sans charme à notre goût avec tous les commerces qu’on pourrait trouver dans une grande ville et un penchant pour les activités de plein-air bien marqué. La population est vraiment jeune et enjouée dans les endroits qu’on a fréquenté, bref une ville qu’elle a l’air pas mal chouette pour le coin !

Après avoir imprimé quelques annonces pour vendre le van (et oui il est temps !), nous avons donc placardé celles ci dans tous les endroits fréquentables de la ville, cafés, supermarchés, auberges, visitor center… Ça nous a pris pas mal de temps et d’énergie mais on verra les retombées prochainement, car on a aussi passé des annonces sur le net, dans les journaux etc…

De Whitehorse nous nous sommes dirigés vers le parc national de Kluane, au niveau d’Haines Junction, afin de voir quelles étaient les possibilités d’explorer le Kaskawulsh, un immense glacier situé au sein même du parc… Malheureusement, les sentiers de randonnées offerts dans ce parc sont quelque peu extrêmes, et celui se rendant aux pieds du Kaskawulsh fait 25 km allé simple, soit deux voir trois jours de randonnée bien équipés si l’on veut monter sur les hauteurs et avoir une vue plus panoramique du lieu… L’alternative, prendre un petit Cessna au départ de Haines Junction pour survoler l’endroit et profiter d’une expérience mémorable, mais nous y reviendrons plus tard…

Plus tard car nous avons d’abord décidé de nous rendre à Haines, en Alaska, pour explorer ce lieu mythique où se trouve la Chilkat Bald Eagle Preserve, un lieu unique où se rassemblent quelques 3500 aigles durant la saison hivernale, et dont les nids peuvent atteindre la taille d’un pickup truck ?! Bon là c’est pas la saison mais après une petite balade près du lac Chilkoot, on aura l’immense privilège de croiser à moins de 5 mètres une femelle Grizzli accompagnée de ses deux petits, passant sur le parking où l’on s’était garés pour rejoindre la rivière et cueillir le saumon frais, à la grande déception des pêcheur à la mouche obligés de suspendre toute activité…

La Haines Highway est aussi une destination en elle-même : traversant le Yukon, la Colombie Britannique et l’Alaska, on passe des montagnes à de hauts plateaux pour se rendre aux pieds de glaciers majestueux se jetant directement dans l’océan à quelques kilomètres de là, comme dans le surréaliste parc national de Glacier Bay.

On voulait d’ailleurs faire un tour en ferry depuis Haines vers Glacier Bay, mais aucun bateau à notre plus grand désarroi n’organise d’excursion dans le secteur, tous partant de Skagway ou de Juneau plus au Sud… C’est là qu’on a décidé de revenir sur Haines Junction, le temps n’étant pas au beau fixe voire extrêmement nuageux sur Haines, pour tenter le lendemain un vol en avion au dessus du Kaskawulsh…

C’est chez Sifton Air que nous avons pris place dans un Cessna vêtu de rouge et de jaune, avant de nous élancer sur un itinéraire bis du plus bel effet (le temps au dessus du Kaskawulsh étant menaçant) au dessus du Dusty Glacier et du Lowell Glacier, ce monstre de glace dont la langue fait 70 km de long pour 6 km de large ! Autant vous dire que ce vol reste le moment le plus fou de ce voyage, les points de vue étant pour le coup sensationnels, un bleu d’une rare intensité est emprisonné dans la glace et le pilote vole à très basse altitude pour qu’on puisse profiter des moindres détails, on verra même un Grizzli mâle depuis le cockpit !

La suite du parcours a été un peu chaotique… On avait un plan : monter en Alaska jusqu’à Tok en longeant le parc national de Kluane et les montagnes du parc Wrangell-St Elias, puis bifurquer vers l’Est en passant par Dawson City (la ville mythique de la ruée vers l’or du Klondike) et un détour sur la Dempster Highway pour admirer le Tombstone Territorial Park.

Après des kilomètres et des kilomètres sur l’Alaska Highway où on a cru plier le châssis du van tellement la route était défoncée, on est arrivés au poste frontière américain de Port Alcan où on nous pose les traditionnelles questions :

- Des armes à feu ?
- Non
- Des agrumes ou des légumes frais ?
- Non (mais si en fait)
- De l’alcool ?
- Non (mais si en fait)
- Vous allez où ?
- A Dawson City en passant par Tok.
- Vous voulez prendre la Taylor Highway ?
- Oui c’est ça !
- Ben elle a été balayée par un orage y’a quelques jours, ça fait la quatrième fois cet été. Vous devez revenir à Whitehorse et prendre la Klondike Highway… Ou alors allez à Tok car ils organisent parfois des convois pour traverser la route au milieu des engins de chantier.
- Ok on va à Tok, après le feu en Colombie Britannique ça devrait passer !

Pas vraiment le choix puisque faire un détour de 1500 km pour aller à Dawson au vu du prix de l’essence, ça ne nous a pas laissé d’alternative. Nous nous sommes donc rendus à Tok, où il n’y a absolument rien hormis des RV Parks et des campings. Au visitor center, on aura la malchance d’apprendre que le prochain convoi ne partirai pas avant 5 jours, le temps de réparer la route… Echec donc, l’Alaska faisant deux fois la superficie du Texas et arrivant sur la fin du budget vacances, on ne pouvait pas s’offrir le luxe de tirer jusqu’à Denali où Valdez plus au Sud pour une excursion dans la baie du Prince William Sound… Une raison de plus pour revenir une prochaine fois, c’est certain !

La suite, certains d’entre vous la connaissent déjà puisque nous sommes rentrés sur Whitehorse vendre notre cher destrier, qui a trouvé preneur en la personne de Dona, et qui n’est autre que la propriétaire du Beez Kneez Backpackers, l’auberge de jeunesse ho combien renommée dans le secteur, si ce n’est pas la seule où presque. Bon on vous avoue qu’on a pas fait une transaction terrible puisqu’on était pressés, mais Dona s’est rattrapée en nous offrant une nuit dans son RV park au dessus de la ville, et un repas no limit dans son restaurant ‘The Klondike : Ribs & Salmon’ où nous ripaillerons à cœur joie de ragoût de caribou et de boeuf musqué !

Tout ça la veille de l’anniversaire de Marine, puisque c’est le lendemain que nous avons pris le Greyhound pour rentrer sur Montréal, 90h de bus avec 6 transferts de 45 minutes, autant vous dire qu’on a encore le cul tassé ! Sinon après 22000 km de route, la traversée du Canada d’Ouest en Est n’est pas la meilleure partie, surtout en bus, mais on retiendra sur le trajet le Saskatchewan et ses plaines agricoles de blé infinies, la portion d’Ontario longeant le lac supérieur qui est elle aussi magnifique… Le meilleur reste évidemment le grand ouest et le Québec of course, surtout dans l’extrême Est de la Gaspésie et la magnifique région de Charlevoix !

A Montréal nous avons pris racine encore une fois à l’auberge alternative dans la vieille ville, le temps de faire les démarches de clôture de comptes bancaires, assurances diverses et téléphone mobile, le temps aussi de passer voir les collègues et amis laissés derrière nous et qui vont nous manquer c’est sûr ! On a une pensée spéciale pour Julien, Stéphanie et Noah, qui se sont installés dans un nid douillet absolument magnifique, et qui continuent à vivre l’aventure d’expat au Québec, la vraie, la longue, mais la magique…

Le vol du retour a été un poil mouvementé et nous étions chargés comme des mules, chacun avec son petit excédent de bagages de 6 kg chacun sur une franchise de 2*23kg chacun aussi, et surtout une guitare qu’on a cru avoir perdu mais qui est arrivée avec un petit peu de retard sur Toulouse…

Voila voila, il est temps de repartir à la conquête de nouveaux horizons puisque nous devons déménager sur Grenoble très prochainement, le temps pour nous de nous retourner mais surtout de profiter de la famille et des amis, du pain du vin et du boursin…

Let’s Move To North America.

PS : Alors bien évidemment tout n’est pas terminé, ce blog vivra encore quelques temps puisqu’on rapporte de ce voyage un petit millier de vidéos, qu’il faudra monter et vous faire partager sur la toile… Ne perdez donc pas le fil, ce n’est que le début !

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